Des étrangers à Nankin

Un italien de 45 ans, retraité de Fiat et vivant maintenant à Nankin me confiait qu’il y a cinq ans il n’y avait presque aucune voiture dans les rues de Nankin, alors qu’aujourd’hui le brouhaha, les klaxons et le nuage de fumé accompagnant les heures de pointes, sont tout à fait insupportable…De même une amie chinoise me confiait il y a peu que la ville de Nankin avait connut depuis quelques années une augmentation considérable du nombre d’habitants occidentaux…

Et même si les nankinois sont maintenant habitués aux occidentaux, il n’en est pas de même pour les africains, qui commencent à arriver en Chine. Et une petite promenade en ville avec des amies africaines m’a démontré que la curiosité était l’une des caractéristiques les plus développées chez les chinois.

Ainsi nous venions à peine de nous arrêter dans la rue pour observer quelques vitrines, que des femmes se sont brusquement approchées de nous, n’hésitant pas à saisir les cheveux, les tresses et autres mèches de mes amies, et demandant avec insistance et curiosité si il s’agissait de véritables cheveux… (Expérience assez particulière quand elle vous arrive tous les jours…)

On trouve à Nankin une grande diversité de profils et de parcours chez les étrangers. Il y a bien sûr les expatriés travaillant pour Carrefour, Auchan, Fiat, Wal Mart, Metro et consort, envoyés en mission à Nankin pour gérer ou former leurs homologues chinois, sans forcément connaître un mot de chinois.

Les étudiants étant de loin les plus nombreux à séjourner à Nankin, on en croise absolument partout dès qu’on s’approche d’un site universitaire quel qu’il soit, ou encore dès qu’on fait un détour par les quelques bars ou discothèques pour étrangers, ou seuls ceux-ci disposent de la carte VIP, leurs permettant d’avoir des consommations à moitié prix…

Il y a plusieurs types d’étudiants, la première catégorie d’étudiants étrangers est celle des étudiants boursiers, il s’agit en majeur parti d’étudiants provenant des pays en voie de développement et qui bénéficient dans le cadre d’accords de coopération de bourses de l’Etat chinois. En plus de ces bourses d’état, ils bénéficient de frais médicaux gratuits, et sont logés gratuitement sur le campus dans des logements pour étrangers (incomparablement plus confortables que les logements destinés à leurs homologues chinois).

Les étudiants boursiers les plus nombreux sur le campus de la Nanjing Normal University (NNU), sont les népalais, les laotiens et les tanzaniens.

En effet la Chine n’ayant jamais supporté la rébellion népalaise maoïste, facteur de troubles à ses frontières, a établi des relations diplomatiques conséquentes avec son voisin népalais.

Quant aux laotiens, notons simplement que le régime communiste laotien à l’inverse du régime communiste vietnamien, et plutôt en bon terme avec le régime de Pékin et bénéficie par conséquent d’un nombre élevé de bénéficiaires de la bourse d’Etat.

Enfin les tanzaniens bénéficient avec la Chine d’une longue histoire commune. Tous d’abord les chinois ont créé la ville (alors comptoir chinois) de Zanzibar, de plus la Tanzanie a bénéficié du soutien de la Chine pour accéder à l’indépendance en Avril 1964, et n’a pas hésité à établir des relations diplomatiques officielles avec la Chine quelques mois plus tard, en novembre 1964.

Depuis lors les relations entre la Tanzanie et la Chine ont évolué doucement, et ainsi la Tanzanie apparaît aujourd’hui comme un partenaire commercial important pour la Chine sur le continent.

Et enfin la Tanzanie apparaît aujourd’hui comme une des destinations touristiques favorite des chinois sur le continent africain.

La deuxième catégorie d’étudiants boursiers est celle des aventuriers, si on peu les appeler ainsi, ils constituent une bonne partie des effectifs et financent eux-mêmes leurs études en Chine. Les plus représentés sont les Coréens (du Sud) et les Japonais, qui grâce à leurs pouvoirs d’achat élevés, au développement de leurs économies, et à la situation géographique de leurs pays, sont tout naturellement appelé à venir étudier le chinois.

Pour des raisons historiques que j’évoquerais sûrement plus tard les coréens sont plus nombreux, et mieux intégrés que les japonais en Chine, et ont d’ailleurs l’occasion de retrouver leurs compatriotes restaurateurs, très présent en Chine (et qui sont ce que sont les pizzerias en Europe…).

En ce qui concerne les occidentaux, les étudiants français sont les présents à Nankin, suivi des russes, des italiens et des allemands (selon mes observations subjectives). Et malgré quelques américains, quelques canadiens, irlandais, finlandais et israéliens, j’ai été surpris de la forte présence française à Nankin, mais aussi de l’absence d’étudiants anglais ou espagnols.

À la question d’une amie chinoise, qui me demandait pourquoi tant d’étudiants français étaient présents en Chine, je fis le constat, que le climat de racisme politique et économique que subissent les jeunes en France était sûrement l’une des causes de cette migration massive. En effet le chômage, la cherté de la vie en France ou encore l’envie de quitter la France sont des raisons souvent évoqués par les jeunes français…

Pour d’autres il s’agit tout simplement d’une passion pour la Chine, qui est vraisemblablement plus présente en France et en Italie qu’ailleurs… Enfin l’opportunisme économique et le dernier critère de taille ayant motivé les jeunes français à venir en Chine.

Notons enfin, mais cela ne vous aura pas échappé, que l’ensemble des étudiants étrangers présents en Chine, sont pour la très grande majorité issus de milieux sociaux plus qu’aisés, à l’exception d’une infime partie d’entre eux….