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Des nouvelles de Julien
25 octobre 2006

Du ballon rond à Nankin

J’ai eu l’honneur le week-end passé d’assister à un match de football au petit stade de Nankin.

Me baladant dans les rues de la ville à la recherche de quelques scènes de vie à photographier, je fus attiré par les cris et les champs que j’entendais non loin de moi. Ne maîtrisant pas encore le chinois et encore moins quand celui-ci est crié, ce qui est d’ailleurs souvent le cas en Chine, je me demandais ce que cela pouvait bien être…

Après une petite recherche dans le quartier, j’eu la surprise de constater que ces cris provenaient des alentours du stade de Nankin. Ni une ni deux me voilà aux côtés d’une horde de supporters drapés de rouge, chantant, criant, et dansant devant une paire de journalistes.

Soudain un homme arriva avec son clairon et se met à entonner des airs, sortant tout droit de l’attirail du parfait supporter. Et tandis que la foule commençait à s’agglutiner devant les portes secondaires du stade, réservées pour les visiteurs, situés au-dessus de la foule, les fesses à l’air malgré leurs culottes, quelques bébés chinois déjà habitués au monde, se demandaient ce qu’ils faisaient là, alors qu’une trentaine de policiers assis sur l’herbe, fumaient leurs cigarettes en regardant la foule entrée dans le stade.

Vive le sport

Au nombre de car sur le parking, j’en déduis que les supporters, hommes, femmes, enfants, étaient au nombre de 2 500. Au pays de Mao, où le basket ball est roi, je fus étonné de voir autant de supporters pour un match de football, venus à priori de la province voisine de quelques centaines de kilomètres du Henan. Mais me direz vous pour une ville de 6,5 millions et pour un pays de 1 300 millions d’habitants, voir quelques 2 500 ou peut être 5 000 supporters au stade, quoi de plus ridicule.

Enfin je me décidai, appareil photo à la main de rentrer aussi dans cet antre populaire par excellence. Quelques policiers contrôlaient alors l’entrée et faisaient passer les supporters un par un, celui qui me fit passer me fit un grand sourire et me laissa entrer sans même me dire un mot.

Blue cops

Je fus alors prêt à admirer un des matchs au sommet du championnat chinois, opposant l’équipe du Henan à l’équipe de Nankin, respectivement première et septième du championnat.

Chacun s’installait, les chants et les tambours battaient la cadence du désordre ambiant, je m’étonnais d’ailleurs de voir qu’après une heure de chant devant le stade, les supporters avaient encore la voix encore en état de crier aussi fort.

En regardant le terrain, je constatais qu’aux quatre coins de celui-ci, des militaires assis sur des bancs, boucliers et casques à leurs pieds, s’apprêtaient eux aussi à regarder le match. Soudain en avançant au-dessus des tribunes, je me rendis compte que deux d’entre elles étaient entièrement pleines de policiers, décidemment on ne rigole pas avec la sécurité dans les stades en Chine.

Safety Football...

Tandis que je m’installais dans les tribunes, des chinois étaient en train de couper les branches d’un arbre… Et oui il semblerai qu’en construisant le stade, on n’ai pas coupé les arbres, mais tout simplement installé les tribunes en béton autours d’eux, ce qui n’est pas très pratique pour regarder un match, mais sûrement très utile quand il s’agit de se protéger du chaud.

Soudain un chinois me sauta dessus et me demanda en anglo-chinois d’où je venais. Ma réponse lui fit instantanément changer le regard et il se mit à me parler du grand Zidane, de Thierry Henry, et de l’équipe tricolore… Puis l’hymne national se mit à retentir, chacun tourné vers le drapeau de la mère patrie, se mirent à entonner l’entonner.

Le coup de sifflet retenti enfin, et c’est alors que le match fut lancé que j’assistai quelques minutes plus tard, les yeux médusés, à une intervention cocasse de l’arbitre de touche.

En effet l’avant centre de l’équipe de Nankin ayant simulé une faute à son encontre sur l’aile droite, l’arbitre siffla pour le sanctionner, le joueur mécontent de la décision de l’arbitre, se leva brusquement en frappant la balle, qui vint percuter le visage d’un joueur de l’équipe adverse qui regardait la scène. L’arbitre de touche situé à un mètre de la scène, rentra donc brusquement sur le terrain et frappa l’avant centre au visage, qui retomba à terre… S’ensuivie une scène de jet, par-dessus les grilles de protection, de bouteilles en plastique sur les militaires situés devant les tribunes ; jets de bouteilles accompagnés d’éclats de rire à chaque fois que l’une d’entre elles atteignait sa cible...

Tandis que je ne pus m’empêcher de me retenir mon sourire devant cette scène surréaliste, et que mon collègue chinois me demandait d’excuser le faible niveau du football chinois, le trompettiste se mit à entonner l’International, et tous se mirent à chanter.

À la pose après quelques occasions manquées de la part de l’avant centre africain de Nankin, je décida de me diriger vers la buvette, celle-ci tenue par une jeune chinoise, ne proposait pas la boisson la plus prisée des chinois, la bière, mais du vulgaire soda américain dans des verres en cartons pour 5 yuans, ne possédant pas cette somme, et n’ayant aucune envie de boire ce breuvage noirâtre, je me rabattis sur une petite glace, que je pus obtenir avec mes 4 yuans.

Adossé à un mur je me mis à observer une jeune policière, toute occupée avec son appareil photo numérique tout neuf à photographier la foule des supporters, en tournant la tête j’en surpris une autre en train de me tirer le portrait, alors qu’une troisième photographe de l’ordre s’apprêtait à la rejoindre.

Security

Assis sur ma feuille de journal, je pouvais observer, en contrebas de ma tribune l’antenne étrange d’un petit camion de police, occupée elle aussi à photographier un à un les supporters de la tribune. Puisqu’en Chine l’appareil photo est roi, hooligans vous n’avez plus qu’à bien vous tenir…

Enfin après un match soporifique, à la quatre-vingt dixième minute, un attaquant du Henan, à l’occasion d’un coup franc, plaça la balle en pleine lucarne. Les fans de ma tribune se mis alors à exulter, à crier, à pleurer, les uns s’embrassant, les uns faisant virevolter leurs maillots, et les autres me prenant dans leurs bras, tandis que sur le terrain les joueurs de l’équipe du Henan se mirent à faire une pyramide devant leurs supporters, l’arbitre mis fin au match.

On the stadium

Puis les policiers se mirent à sortir du stade et à faire une haie d’honneur aux supporters de l’équipe gagnante, tandis que des journalistes et leurs appareils photos les attendaient déjà…

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Commentaires
L
Super match de foot...!<br /> Au fait, tu sais pourquoi les enfants ont des pantalons troués? Parce qu'en Chine, la plupart des enfants ne porte pas de couches pour évacuer leurs besoins directement...Que des économies!<br /> A bientôt!
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