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Des nouvelles de Julien
19 mars 2008

Les Hutongs "胡同" de Pékin

C'est en me balladant dans Pékin en Décembre dernier, que j'ai découvert, ce dont tout les petits touristes m'avaient compté... Le charme des Hutongs de Pékin...

Hutong spirit

Les Hutongs "胡同" ou petite ruelle de Pékin, rassemblent d'innombrables Siheyuans "四合院", c'est à dire des maisons traditionnelles chinoises constuites autours d'une cour carré et fermée, en parfait accord avec les principes du feng shui " 风水 " (à savoir une entrée plein Sud, un puit et un jujubier au milieu de la cour, une répartition de la famille calculée en fonction de la hiérarchie familiale, etc...).

Le principe de construction des Siheyuans est à la base de tous les modèles architecturaux traditionnels en Chine : résidence, bureaux, palais, temples, ou autres monastères...

Wen Ming Yuan

La développement et l'émergence de cette forme architectural a vu le jour lors de la Dynastie des Zhou, entre 1046 et 256 avant Jésus-Christ.

La plupart des Hutongs ont été formés en joignant les Siheyuans les uns aux autres, et ainsi de suite afin de former la ville de Pékin. A l'époque la définition des rues et des ruelles était très strict et la dimension des Hutongs s'établissait entre 1 mètre et 9 mètres de large.

Beijing Downtown

Si à l'époque, les Siheyuans de l'Est et de l'Ouest du Palais Impérial étaient habités par les riches commerçants, et les officiels du régime. Ceux du Nord et du Sud, abrités les familles des marchands, des artisants et des ouvriers de la Cité Impériale.

Les Hutongs pékinois datent pour la pluspart de la Dynastie des Ming, entre 1368 et 1644 après Jésus Christ. L'existence de ces ruelles constitue ainsi un patrimoine de l'humanité indiscutable et attise la curiosité et l'admiration de tous les touristes chinois ou étrangers de passage dans la capitale de l'Empire du Milieu.

Dans les rues de Pékin

Les Hutongs, qui abritaient les plus somptueuses et verdoyantes cours intérieurs des maisons de la noblesse chinoise, ont connus de grands bouleversements après l'éffondrement de la Dynastie des Qing, entre 1644 et 1912 après Jésus Christ.

En effet la fin de la dynastie des Qing, engendrant l'effondrement du système féodal et de la stratification social attenante, a eu pour effet une véritable déstructuration de la jusqu'alors stricte répartition sociale de l'habitat des Hutongs.

Durant la période de la République de Chine, de 1912 à 1949, à cause des guerres civiles et autres invasions étrangères, Pékin a vu ses conditions de vie, mais aussi l'état de ses Hutongs se détériorer.

L'entrée

Tant et si bien que les Siheyuans, autrefois occupés par une seul famille, se sont vu divisés et partagés entre plusieurs propriétaires, les constructions des nouveaux Siheyuans s'effectuant avec les moyens du bord et avec moult improbables matériaux de construction. Les 978 Hutongs répertoriés durant la dynastie Qing sont passés à 1330 à l'aube de l'établissement de la République Populaire de Chine en 1949.

C'est après la création de la République de Chine en 1949, que les hutongs les plus nobles ont étaient collectivisés en masse, et qu'ils ont été divisés à l'endroit de nombreuses familles populaire. Pour faire face à l'insalubrité des lieux, l'administration de Mao, a décidé de créer des latrines communes dans chaque ruelle, parfum socialiste qui donne encore aujourd'hui aux Hutongs un charme unique.

Tuyaux

Depuis quelques années les travaux de modernisation de la capitale de l'empire du milieu, provoquent de nombreux débats dans la population chinoise, et sont à l'origine de nombreuses manifestations de mécontentements de la part des riverains.

C'est ainsi que pour la seule année 2004, le Comité de Construction de la Municipalité de Pékin a détruit plus de 250.000 mètres carrées de vieilles batisses, délogeant pas moins de 20.000 propiétaires.

Le chasseur moderne

Depuis la fièvre continue et les Jeux Olympiques de Pékin 2008, sont l'occasion d'accélèrer le mouvement. Occasion pour de nombreux promoteurs immobiliers de faire quelques opérations très lucratives sur le dos des habitants des Hutongs, en remplacant la populace par officiels du régime, riches hommes d'affaires, ou stars de cinéma, sans oublier les nombreuses boutiques de luxes; qui iront bientôt peuplés de luxueuses tours, plus modernes les unes que les autres.

Flowers for the last house

Bien entendu comme l'habitude prévaut en Chine, les problèmes d'indemnisation sont nombreux et la colère monte dans les ruelles de Pékin. De quoi donner quelques sueurs froides au gouvernement central qui ne compte plus les signes de protestation de sa population, qui tel un petit vent de liberté commencent à souffloter sur le pays.

The last romance

Cela dit, si nombre d'historien, d'amoureux des Hutongs et de nostalgiques crient à la spoliation culturelle, de nombreux habitants sont heureux de pouvoir quitter ses lieux de vie précaire, ou l'absence de toilette, l'isolation douteuse, la promiscuité, et un chauffage au charbon souvent meurtrier, leurs rendaient la vie des plus difficile.

Through the Window

Plus que la mort de quartiers à l'architecture d'un charme indiscutable, d'une histoire plus que centenaire, et d'une finesse culturelle attirante. Il semble que ce qui disparaît avec ces quartiers, ce sont ces relations sociales, cette vie communautaire, ce peuple simple et souvent riche d'humanité, qui peuple encore le coeur de Pékin et qui offre à tout un chacun de ces petits moments de bonheur, que seul ces quartiers peuvent offrir. Peuple qui se verra beintôt habiter dans d'énormes tours de bétons sans âme, aux lisières de la capitale.

New Hutong

Et même si de nombreuses zones restent protégées par des arrêtés de la Municipalité de Pékin, fort est de parier qu'ils se transformeront bientôt en Riad Marrakechois, pour fortunés de tous les horizons souhaitant s'offrir un coin de paradis en Chine Impopulaire. Paradis chèrement payé et de moins en moins accessible pour les camarades de la Chine Socialiste de marché d'aujourd'hui.

Tribute to the socialist China

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